Construire Un Tableau De Bord Pour L'enseignement Supérieur - UNESCO

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Institut international deplanification de l’éducationConstruire un tableau de bordpour l’enseignement supérieurUn guide pratiqueMichaela MartinClaude SauvageotProjet coordonné par Bertrand TchatchouaEnseignement supérieur

Construire un tableau de bordpour l’enseignement supérieurUn guide pratiqueMichaela MartinClaude SauvageotInstitut international deplanification de l’éducation

Les idées et les opinions exprimées dans ce volume sont celles des auteurs et ne représentent pasnécessairement celles de l’UNESCO ni de l’IIPE. Les appellations employées dans ce volume et laprésentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO ou de l’IIPE aucune prisede position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quantà leurs frontières ou limites.Institut international de planification de l’éducation7-9 rue Eugène Delacroix, 75116 Parise-mail : info@iiep.unesco.orgSite web de l’IIPE : www.iiep.unesco.orgComposition : Linéale ProductionImpression et brochage : Atelier d’impression de l’IIPEISBN : 978-92-803-2329-0 UNESCO-IIPE 2009

Table des matièresListe des abréviations . 5Liste des tableaux . 7Liste des graphiques . 7Préface . 9Remerciements .11Introduction . 13Chapitre 1Le contexte des politiquesd’enseignement supérieur . 151.1 Les tendances lourdes dans l’évolution des systèmes d’enseignement supérieurà travers le monde . 161.2 Les tendances de réforme en matière de gouvernance et de management . 17Chapitre 2Définitions et modes de construction d’un tableau de bord et d’un ensemble d’indicateurs . 212.1 Les objectifs des tableaux de bord .222.2 Tableau de bord et système de gestion .222.3 Différentes utilisations des tableaux de bord .222.4 Les préalables à l’élaboration d’un tableau de bord.25Chapitre 3Aspects méthodologiques d’un tableau de bord .293.1 Qu’est-ce qu’un indicateur ? .303.2 Quels sont les critères d’appréciation d’un « bon » indicateur ? .303.3 Que faut-il mesurer ?. 313.4 Les typologies d’indicateurs ou Comment classer les indicateurs ? .323.5 Les différentes étapes du développement d’une liste d’indicateurs ou d’un tableau de bord.34Chapitre 4Utilisation des indicateurs pour le pilotage de l’ensemble de l’enseignement supérieur .354.1 Assurer le suivi de la politique/du plan pour l’enseignement supérieur .364.2 Passer des objectifs aux indicateurs .374.3 Analyser la performance d’un système d’enseignement supérieur . 414.4 Les sources de données .44Chapitre 5Utilisation des indicateurs pour la gestion et le pilotage des établissements .475.1 Élaborer un tableau de bord pour le suivi du projet d’établissement/du plan stratégique .485.2 Analyser la performance au niveau de l’établissement .495.3 Les sources de données .503

Chapitre 6Calcul des indicateurs, analyse et présentation des résultats. 516.1 Calcul .526.2 Vérification de la cohérence des résultats .536.3 Analyse des différents indicateurs .546.4 Mise en forme du document : outils micro-informatiques .576.5 Utilisation du document pour l’évaluation interne et externe : le souci de transparence .586.6 Mise à jour du tableau de bord .58Chapitre 7Comment organiser un projet de « tableau de bord » ? . 61Chapitre 8Utilisation des indicateurs pour la comparaison internationale.658.1 Les systèmes d’indicateurs internationaux .668.2 Les classements nationaux .688.3 Les classements internationaux .70Conclusion .75Références .77Annexe 1 .79Annexe 2 .84Annexe 3 .86Annexe 4 .87Annexe 5 .88Annexe 6 .904

Liste des GECSISCWTSDEADEPPBibliothèque universitaire centraleCommunauté économique et monétaire de l’Afrique centraleCentre européen pour l’enseignement supérieur de l’UNESCOCentre d’études et de recherches sur les qualifications (France)franc CFA : monnaie de nombreux pays d’AfriqueCentre for Higher Education (Allemagne)Classification internationale type de l’éducationCentre national des arts et métiers (France)Comité national d’évaluation (France)Classes préparatoires aux grandes écolesConsejo Superior de Investigaciones Cientificas (Espagne)Centre d’études sur les sciences et les technologies, Université de Leiden (Pays-Bas)Diplôme d’études approfondiesDirection de l’évaluation, de la prospective et de la performance,ministère de l’Éducation nationale (France)DOMDépartement d’outremerDUTDiplôme universitaire de technologieEUROSTAT Office statistique des communautés européennesEURYDICE Réseau d’information sur l’éducation en EuropeFCFAFédération des communautés francophones et acadienne (Canada)GUNIGlobal University Network for InnovationHEFCEHigher Education Funding Council of England (Angleterre)IESInstitutions d’enseignement supérieurIHEPInstitute for Higher Education Policy (USA)IIPEInstitut international de planification de l’éducation de l’UNESCOINESProjet de l’OCDE sur les indicateurs pour les systèmes éducatifsINSEEInstitut national de la statistique et des études économiques (France)IREGGroupe international d’experts des classementsISFRAInstitut supérieur de formation et de recherche appliquée (France)ISUInstitut de statistique de l’UNESCOISU/SCBUnité de renforcement des capacités de l’Institut de statistique de l’UNESCOIUTInstitut universitaire de technologieLMDLicence-master-doctoratLOLFLoi organique relative aux lois de finances (France)MSTMathématiques, sciences et techniquesOCDEOrganisation de coopération et de développement économiquesPATSPersonnels techniques, administratifs et de servicesPIBProduit intérieur brutPISEProgramme d’investissement du secteur de l’éducation (Mali)QSQuacquarelli Symonds5

Recherche et développementResearch Assessment ExerciseScience Citation Index ExpandedSocial Science Citation IndexSciences et techniques des activités physiques et sportivesSection de techniciens supérieursTaux brut de scolarisationTimes Higher Education SupplementTechnologie de l’information et de la communicationUniversité Cheikh Anta Diop (Senegal)Union européenneUnion économique et monétaire ouest-africaineOrganisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

Liste des tableauxTableau 4.1Tableau 4.2Tableau 4.3Tableau 4.4Tableau 4.5Tableau 4.6Tableau 5.1Tableau 5.2Tableau 6.1Tableau 6.2Tableau 6.3Tableau 8.1Tableau 8.2Tableau A1Tableau A2Échantillon du processus de passage d’un objectif à un indicateurLiens entre objectifs et indicateurs dans l’Union européenne (2004)Liens entre objectifs et indicateurs dans l’Union européenne (2007)Liens entre objectifs et indicateurs en FranceTableau de bord de l’enseignement supérieur pour la TunisieLiens entre objectifs et indicateurs au CamerounLe passage objectifs – indicateurs pour les universités françaisesLes grands domaines d’indicateurs pour les universités françaisesTaux d’accès à l’enseignement supérieur dans quelques pays de l’OCDEAnalyse des disparités filles – garçons : quelques piègesExemple d’évolution d’un taux brut de scolarisationTaux d’obtention d’un diplôme dans l’enseignement supérieur en France (2004)à partir de données individuelles sur les étudiantsQuelques exemples de registres de classement des établissementsd’enseignement supérieur en 2002Comment fonctionnent les trois dimensions complémentairesau niveau 5 dans la CITELes nouveaux objectifs et domaines d’indicateurs de l’Union européenne38394040444549495355556869Liste des graphiquesGraphique 6.1Graphique 6.2Graphique 6.3Graphique 6.4Graphique 6.5Graphique 7.1Évolution du taux brut de scolarisation de 1990 à 2004 (1re façon)Évolution du taux brut de scolarisation de 1990 à 2004 (2e façon)Évolution d’un taux de scolarisation de 1970 à 2001Évolution d’un taux de scolarisation de 1987 à 2001Évolution d’un taux de scolarisation de 1990 à 2001Structures à mettre en place5656565656637

PréfaceAu début de ce nouveau millénaire, l’importance de l’enseignement supérieur pour le développementd’un pays n’est plus à prouver. L’enseignement supérieur forme les compétences et les savoirs avancésnécessaires pour construire les sociétés du savoir. En tant que dernier maillon dans la chaîne éducative,il soutient les autres niveaux du système éducatif.L’enseignement supérieur à travers le monde doit actuellement relever des défis de taille. La demandesociale pour l’enseignement supérieur s’exprime d’une manière forte. L’expansion des systèmes appelleune transformation rapide du cadre institutionnel, de l’offre de formation et des pratiques d’enseignement.Pour répondre aux défis soulevés par la demande sociale, les systèmes d’enseignement supérieur sediversifient et se modernisent.Dans ce contexte, les modes de gouvernance de l’enseignement se transforment eux aussi. En particulier,en échange d’une plus grande autonomie accordée aux établissements d’enseignement supérieur, lesautorités publiques demandent aux établissements d’élaborer leur propre politique institutionnelle ainsique des plans stratégiques et de démontrer les résultats obtenus. Pour répondre à cette demande nouvelle,les établissements sont obligés de renforcer leur capacité propre de gestion, de mettre en place dessystèmes d’information et des dispositifs de suivi plus performants. C’est alors que les tableaux de bordpour l’enseignement supérieur apparaissent comme des outils de gestion et de communicationindispensables.Le présent Guide pratique s’inscrit dans ce contexte. Il correspond à un besoin identifié à travers lestravaux de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) et de l’Institut international de planification del’éducation (IIPE), menés conjointement avec les agents des services de statistiques et de planificationde l’enseignement supérieur. En effet, beaucoup de pays s’interrogent actuellement sur les meilleuresfaçons de construire un tableau de bord pour leur système d’enseignement supérieur. Ils perçoivent lebesoin de disposer d’un tableau de bord soit pour mieux communiquer avec la société, et éventuellementavec les bailleurs de fonds, à propos de l’évolution de leur système d’enseignement supérieur, soit poursuivre la mise en œuvre des politiques publiques.Ce Guide a donc un objectif bien concret. Comme son nom l’indique, il vise avant tout à guider lesresponsables de la planification dans la mise en place d’un projet de tableau de bord. À cet effet, ilindiquera les grandes lignes et les outils pour élaborer un rapport d’indicateurs. En premier lieu, il discuteradu contexte dans lequel le besoin d’un tableau de bord peut apparaître. Ensuite, il présentera les différentsobjectifs d’un tableau de bord, ceux-ci conditionnant son orientation et son format. Puis, il exposera unedémarche méthodologique susceptible d’orienter la mise en place d’un tableau de bord. Enfin, il aborderala très importante question des classements dans l’enseignement supérieur (qui sont en effet récemmentdevenus la manifestation d’une concurrence accrue des systèmes entre eux pour attirer les meilleursprofesseurs et les meilleurs étudiants ; pour un tableau de bord, les classements peuvent soit être unesource d’indicateurs, soit servir d’élément de comparaison pour situer certains aspects du système parrapport aux réalités régionales ou internationales).Par ailleurs, l’élaboration de ce projet de Guide s’est enrichie des discussions menées avec un groupe deplanificateurs en poste au sein de ministères de l’Enseignement supérieur en Afrique francophone, lorsde l’Atelier sur l’identification des besoins en informations du secteur de l’enseignement supérieur, organisépar l’Unité de renforcement des capacités de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU/SCB) du 28 au30 avril 2008 à Dakar.9Institut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

Nous espérons que cette publication aidera les planificateurs de l’enseignement supérieur et les décideurspolitiques à mettre en place des tableaux de bord contenant des indicateurs à la fois utiles et pertinents,qui seront par la suite régulièrement mis à jour.Enfin, notre souhait est que les tableaux de bord permettent à l’avenir de mieux piloter les systèmesd’enseignement supérieur en vue d’une amélioration de leur fonctionnement et de la qualité des formationset des recherches menées en leur sein.Hendrik Van der PolDirecteur de l’ISUMark BrayDirecteur de l’IIPE10Institut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

RemerciementsLe projet de ce Guide a été initié par l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), qui a bénéficié del’expertise technique de l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE).Bertrand Tchatchoua, spécialiste de programme de l’Institut de statistique de l’UNESCO, a accompagnéla conception et la réalisation de ce document. Il a de plus travaillé en étroite collaboration avec lesauteurs. Lors des différentes phases de sa rédaction, il a fait des observations précieuses et fourni descommentaires pertinents.Suite à un cours à distance organisé par l’IIPE sur l’assurance qualité dans l’enseignement supérieur enAfrique francophone, de hauts responsables des ministères du Cameroun, de la Guinée et du Sénégalont mis à la disposition des auteurs certains des exemples de tableaux de bords et de documents depolitique présentés dans ce guide.Plusieurs membres du personnel de l’IIPE et de l’ISU ont également apporté leurs commentaires à laversion finale de ce Guide, notamment Patricia Dias da Graça, Khadim Sylla, N.V. Varghese, NafiouInoussa et Saïd Belkachla.Hendrik Van der Pol, directeur de l’ISU, et Mark Bray, directeur de l’IIPE, ont soutenu ce projet tout aulong de son exécution.Nous remercions toutes ces personnes pour leurs importantes contributions, ayant permis de réaliserce Guide.Michaela Martin et Claude Sauvageot11Institut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

IntroductionLes systèmes d’indicateurs, en général, et les tableaux de bord, en particulier, sont à l’ordre du jour danstous les secteurs et à tous les niveaux du système éducatif. L’intérêt actuel pour ces outils s’inscrit à lafois dans les tendances propres à la réforme du secteur public en général et de l’enseignement supérieuren particulier, mais aussi dans celles qui caractérisent les réformes intervenues dans la gouvernance dessystèmes et la gestion des établissements d’enseignement supérieur.Dans l’enseignement supérieur, beaucoup de travaux ont été menés sur les systèmes d’indicateurs dansles années 1980. Après une période de maturation, notamment au sein des pays de l’Organisation decoopération et de développement économiques (OCDE), de nombreux pays disposent aujourd’hui d’unsystème d’indicateurs appelé communément « tableau de bord ». Celui-ci permet d’évaluer dans quellemesure les systèmes avancent en fonction des objectifs établis. Les pays du Sud perçoivent l’intérêt detels outils mais rencontrent encore beaucoup de difficultés dans leur mise en œuvre.L’émergence des tableaux de bord s’insère dans un contexte reflétant une prise de conscience particulière.D’une part, l’importance de la mise à disposition des informations pour une prise de décision rationnellen’est aujourd’hui plus à prouver et, dans le cadre des politiques visant à donner plus d’autonomie auxétablissements, notamment, la vérification des résultats obtenus par ces établissements devient uneobligation. D’autre part, les gouvernements ont de plus en plus besoin d’informer sur l’état du systèmed’enseignement supérieur, souvent le pouvoir législatif mais parfois aussi un public plus large. Lacomparaison internationale pour faire le benchmarking du système est perçue comme prioritaire dans cecontexte. Enfin, les indicateurs sont à l’ordre du jour dans le cadre des nouvelles modalités de financementde la coopération internationale qui préconisent l’appui budgétaire à condition que les pays disposentd’une stratégie sectorielle et d’un système d’indicateurs à travers lequel il est possible de mesurer lesavancées. Le moment est donc propice pour aider les planificateurs, tant sur le plan nationalqu’institutionnel, à construire un tableau de bord correspondant à leur politique ou à leur plan encours.Cependant, la prudence s’impose dès le départ. Les tableaux de bord dans l’enseignement supérieur nepeuvent être construits qu’à partir de deux préalables. Le premier concerne l’existence en amont d’unsystème d’information fonctionnel contenant les informations de base et d’une fiabilité suffisante pourla construction des indicateurs. Ce premier préalable n’est pas toujours présent : en effet, beaucoup depays du Sud souffrent d’un dysfonctionnement de leur système d’information, peu fiable et incapablede produire l’information en temps voulu. Le tableau de bord ne constitue donc pas la première étapemais une sorte d’aboutissement d’un système d’information fonctionnel pour mieux exploiter l’informationet pour mieux communiquer. Le deuxième préalable concerne une politique ou un plan suffisammentexplicite et clair, à partir duquel il est possible de construire un tableau de bord utile. Ces deux points,d’une importance cruciale, seront repris en détail à plusieurs reprises dans ce document.L’objectif de ce Guide pratique est de guider les planificateurs de l’enseignement supérieur dans laconstruction d’un tableau de bord à la fois bien adapté au contexte national et suffisamment explicitepour servir d’instrument de suivi de leur politique nationale d’enseignement supérieur ou tout simplementdu fonctionnement de leur système.13Institut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

CHAPITRE 1LEC O N T EX T E D E S P O L I T I Q U E SD’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURInstitut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

Aujourd’hui, l’enseignement supérieur se trouveà la croisée des chemins dans la plupart des paysdéveloppés ou en développement. Après unepériode de fort soutien politique et financier aumoment de l’indépendance, et grâce au prestigedont il jouissait en tant que symbole national,l’enseignement supérieur a connu une période decrise dans beaucoup de pays depuis les années1980, avec pour conséquence une réduction deson financement et de l’appui politique à sondéveloppement. Depuis quelques années, dans lesillage de l’émergence du concept d’« économiedes connaissances » et de sa perception commeenjeu majeur pour la compétitivité nationale etinternationale, l’enseignement supérieur est envoie de retrouver une position stratégique pour ledéveloppement national. Cette nouvelle perceptionse traduit par une volonté politique plus forte dele diriger en harmonie avec les objectifs nationauxde développement.l’enseignement supérieur n’ont pas été à lahauteur de son expansion ce qui, dans lapratique, a fréquemment affecté sa qualité.ySous la pression des effectifs et souvent entenant compte d’un changement réel ouanticipé des structures d’emploi, les dispositifsde formation supérieure se sont largementdiversifiés : soit du point de vue institutionnelpa r la création de nouveaux t y p esd’établissements offrant des formations decourte durée, plus professionnelles, soitsimplement par la professionnalisation desformations offertes dans les établissementsen place. La tendance à parler de plus en plusd’« enseignement tertiaire » est révélateur dufait qu’on trouve aujourd’hui à ce niveau ungrand nombre d’établissements et deformations à la fois universitaires et nonuniversitaires.y1.1 Les tendances lourdes dansl’évolution des systèmesd’enseignement supérieurà travers le mondeUne expansion mondiale rapide des effectifs.Les effectifs d’étudiants sont en effet passésde 68 millions en 1991 à 132 millions en 2004,ce qui représente une croissance sansprécédent à travers le monde. Dans certainesrégions, cette expansion a été extrêmementrapide. Ainsi, en Asie-Pacifique, le nombred’étudiants est passé de 14 à 39 millions. Entermes de taux brut de scolarisation (TBS),il s’agit d’une augmentation de 13,7 % en 1991à 23,7 % en 2004 (ISU, 2006, p. 23).Les différentes régions ont pourtant bénéficiéd’une manière assez inégale de cetteexpansion. En Amérique du Nord et enEurope occidentale, le TBS est passé de 52 %en 1991 à 70 % en 2004, alors qu’en Afriquesubsaharienne, il est passé de 3 à 5 %seulement dans la même période.Dans de nombreux de pays, cette expansiona posé de grands défis aux établissementsconcernant la gestion de flux de plus en plusimportants. Souvent, les financements pourUne privatisation accrue de l’enseignementsupérieur. Certains pays, d’Amérique latineet d’Asie notamment, ont une forte traditiond’enseignement supérieur privé, alors quepour d’autres ce type d’enseignementsupérieur représente dava ntage unenouveauté. Pour répondre à une demandesociale de plus en plus importante et face àla contrainte financière, de nombreux paysqui n’avaient pas cette tradition ont légaliséplus récemment le secteur privé, qui semontre particulièrement dynamique en sedéveloppant plus rapidement que le secteurpublic.La privatisation est aussi à l’ordre du jour dansle secteur public qui, souvent confronté à lacontrainte financière, a dû développer sacapacité à générer des ressources propres parl’instauration de divers droits et l’offre de sesservices de formation et de recherche aus e c t e u r p r i v é . L’ é m e r g e n c e e t l edéveloppement rapide du secteur privéposent de nouveaux problèmes de régulationde la qualité et de supervision.Le développement de l’enseignement supérieur secaractérise par certaines tendances lourdes, parmilesquelles :yUne diversification de l’offre de formation.yUne internationalisation plus importante.Même s’il est communément admis quel’enseignement supérieur constitue parexcellence une activité à c a ractèreinternational, les échanges internationaux sesont développés plus récemment à tous lesniveaux. La mobilité des étudiants est un dessignes les plus visibles de cet intérêt grandissantpour l’international. En effet, le nombre16Institut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

d’étudiants en mobilité internationale estpassé de 750 000 en 1974 à presque 2,5millions (ISU, 2006, p. 34). L’Afrique est lecontinent où la mobilité est la plus grande :presque 6 % des ef fectifs en 20 04.L’internationalisation de l’enseignementsupérieur s’accompagne d’une perception deplus en plus accrue de l’enjeu commercial (àla fois individuel et collectif) sous-jacent àcette mobilité : si, dans le passé, elle dépendaitdavantage de la disponibilité de boursesd’études, elle correspond plus aujourd’hui àune demande individuelle solvable. Dans cecontexte, les pays mènent souvent despolitiques actives pour attirer les étudiantsétrangers sur leur sol. Un marché del’enseignement supérieur s’est donc mis enplace et, par conséquent, un intérêt croissantpour une comparaison des performances dessystèmes nationaux.y1.2 Les tendances de réformeen matière de gouvernanceet de managementLes tendances susmentionnées contribuentlargement à une remise en question des méthodestraditionnelles à la fois de gouvernance dessystèmes et de gestion institutionnelle. Beaucoupde pays à travers le monde ont récemmentintroduit des réformes de leur système degouvernance affectant directement la gestion desétablissements. Parmi les tendances les plusimportantes qui affectent les besoins d’informationet plaident donc pour le développement destableaux de bord, on peut citer :yDans de nombreux pays, les administrationsont été réorganisées d’après le modèle du« nouveau management public », impliquantune redéf inition de leur rôle d’autoritépublique. En matière de politique éducative,une des caractéristiques émergentes de cemodèle est une plus grande conf ianceacco rd é e à la d érég ulat io n et à ladécentralisation des pouvoirs publics vers lesétablissements. De nouveaux outils degestion apparaissent, tels que la négociationdes objectifs et la contractualisation autourdes politiques et des projets d’établissement.L’application de formules de financementvisant à répartir le budget de l’État entre lesdivers établissements d’enseignementsupérieur, en leur allouant une subventionforfaitaire et en utilisant les indicateurs deperformance, fait partie des nouveauxmécanismes de gestion des systèmesd’enseignement supérieur.Les intégrations régionales etl’internationalisation des politiques. Il est ànoter aussi que l’enseignement supérieur setrouve de plus en plus affecté par desmouvements d’intégration régionale commeil en existe un peu partout à travers le monde.Dans beaucoup de régions, la création demarchés intérieurs, ayant pour objectif la librecirculation des personnes, affecte directementla sphère de l’éducation car elle exige lareconnaissance des diplômes. Dans la régionEurope, le Processus de Bologne vise à lacréation d’un espace européen d’enseignementsupérieur avec une structure commune desqualifications. En Afrique francophone, lesétablissements doivent refondre leursdiplômes suivant le système licence-masterdoctorat (LMD) dans le cadre de directivesadoptées par l’Union économique etmonétaire ouest-africaine (UEMOA) et laCommunauté économique et monétaire del’Afrique centrale (CEMAC). L’Unionafricaine a proclamé comme objectif politiquel’harmonisation des diplômes universitaires.Ces différents exemples illustrent commentles processus d’intégration régionale peuventaffecter les politiques éducatives.La dérégulation par les gouvernements.yLa différentiation de la mission au sein desétablissements. Face à l’expansion dessystèmes d’enseignement supérieur, on a vuapparaître ces derniers temps des processusde différentiation informelle des établissementssupérieurs par rapport à leur missionprioritaire. Dans les systèmes en pleineexpansion, les établissements cherchent àdévelopper, au moins en partie, un profilpropre visant à s’aligner sur les caractéristiquesde leur environnement socio-économiquepour mieux en satisfaire les besoins.L’a r t i c u l a t i o n e s t p e r ç u e c o m m eparticulièrement importante entre l’offre deformation et la recherche et les besoins de la17Institut international de planification de l'éducationwww.iiep.unesco.org

région. Les publics visés par les formationsoffertes par l’établissement font égalementpa

Tableau 4.5 Tableau de bord de l'enseignement supérieur pour la Tunisie 44 Tableau 4.6 Liens entre objectifs et indicateurs au Cameroun 45 Tableau 5.1 Le passage objectifs - indicateurs pour les universités françaises 49 Tableau 5.2 Les grands domaines d'indicateurs pour les universités françaises 49