Vol 20 No 7 22 Octobre Au 5 Novembre 2019 Www . - The La Source

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célébrons nos 20 ans en 2019GR ATUITBilingue et interculturelEnglish version at the backRosemaling,la peintureversionnorvégiennePage 3www.thelasource.comVol 20 No 7 22 octobre au 5 novembre 2019L’écrivain Wilfried N’Sondé au « Writers Fest »par Nadia ImgharenWilfried N’Sondé, auteur deplusieurs romans à succès, nelaisse pas indifférent.Ce père de famille qui sait joueravec les mots pour transmettrece qui lui semble « rapprocher“musique. Il a fait partie d’ungroupe d’artistes militant en faveur de la tolérance en oppositionaux groupes fascistes de l’époque.La langue que W. N’Sondé ale plus parlée est l’allemand –ayant passé « la moitié de sa vie» à Berlin jusqu’en 2015 – maisc’est en français qu’il choisitpar Daniela CohenDJ’ai toujours vécu dans lemultilinguisme . une languen’en chasse pas une autre,elles s’accumulent et on gagneà en parler le plus possible.Wilfried N’Sondé, auteurl’humanité » participera auVancouver Writers Fest qui auralieu du 21 au 27 octobre.Humanisme, multilinguismeet tolérance« Il existe des différences dansl’humanité et c’est une bonnechose mais elles sont souventsuperficielles. Il est heureuxde mettre aussi en avant ce quinous rapproche ». Voilà le message principal de l’oeuvre de cetécrivain contemporain.Né en 1968 à Brazzaville, auCongo, c’est à Melun, en banlieueparisienne que W. N’Sondé a grandi.Une fois sa maîtrise en sciencespolitiques à la Sorbonne en poche,il décide de s’installer à Berlin peuaprès la chute du mur en 1989. Ily est devenu travailleur socialen s’occupant de jeunes en difficulté et a commencé à faire de laDans ce numéroAvevA,une chanteuseFalacha débarqueau ChutzpahPage 6d’écrire car c’est la langue qu’ilmaîtrise le mieux.« En matière de langue on esttrès opportuniste, » expliquel’auteur. « J’ai toujours vécu dansle multilinguisme, je trouve celabeaucoup plus intéressant, unelangue n’en chasse pas une autre,elles s’accumulent et on gagne àen parler le plus possible. C’est important de faire l’apologie du multilinguisme plutôt que d’essayerd’imposer sa langue aux autres ».Mr. N’Sondé parle ainsi aumoins cinq langues dont – en vée » : la bibliothèque muniplus du français et de l’allemand – cipale. Issu d’un milieu modeste,sa langue maternelle le Kigongo, il trouvait ce lieu facile d’accèsl’anglais et l’espagnol.« agréable ». Il a d’abord commencé à lire des BD et des livresDe la poésie au roman,pour enfants avant de découvrirun message socialplus tard, à l’adolescence, la poéC’est vers l’âge de sept ans que la vie sie et le romantisme.de l’auteur a été « révolutionnée »« J’ai été subjugué par cettepar une nouvelle « activité rê- façon de parler du monde côtéTriVo,trois voixa cappellaen concertPage 9Au-delà desfrontièrescoeur avec des situations trèsdramatiques et belles à la fois,une façon de percevoir l’humainet le monde qui m’a chamboulé, »explique-t-il.Touché par ses lectures tellesque Baudelaire, Verlaine etRimbaud, il a commencé à écrireses premiers poèmes vers l’âgeVoir « N’Sondé » en page 2’où venez-vous ? » Cettequestion m’est familière.Je l’entends depuis mon arrivée au Canada à l’âge de 16ans. Je me souviens du visageplissé de confusion de mon camarade quand il a entendu laréponse. « Mais tu n’es pas . »« Il y a toutes sortes de gens enAfrique du Sud. »Je ne m’étais pas renducompte que la couleur de mapeau serait une surprise. Jene m’attendais pas à ce queles gens me demandent si deslions erraient dans les rues. Jene savais pas que j’avais un accent jusqu’à ce que je demandede l’eau dans un magasin etqu’on me demande de répéter avec un regard perplexe.J’étais désormais entouréede sapins triangulaires aulieu des arbustes familiersqui peuplaient les rues de Johannesbourg, en Afrique duSud. La vue de Smarties dansle Safeway m’excitait, maisma langue en a rejeté le goûtsucré qui avait remplacé lechocolat crémeux que j’avaisl’habitude d’apprécier auparavant. J’ai vu un étudiant noirdans mon école. Je m’attendaisà voir plus d’étudiants noirs,mais il n’y en avait pas. Venantd’un pays où la majorité desgens sont noirs, c’était surréaliste, comme si quelque chosemanquait.Je viens d’un endroit oùil n’est pas possible de prétendre que nous sommes touspareils. Ayant grandi pendantl’apartheid en Afrique du Sud,où les gens ont été classés enfonction de leur race et démarqués en conséquence, certains de ces différends m’ontété révélés à un très jeune âge.Je ne l’ai compris que plus tard,mais j’en ai ressenti le malaise.Ma venue à Vancouver aentraîné un autre type de malaise. Tout au long de mon séjour ici, je me suis sentie plus àVoir « Verbatim » en page 2

2 La SourceVol 20 No 7 22 octobre au 5 novembre 2019respect pour toutes les victimesSuite « N’Sondé » de la page 1de quinze ans. Ses textes ont de cette histoire ». Il retiendrarapidement eu une composante cependant « qu’il est impératifde ne pas reproduire ce typesociale.« Je n’habitais pas le quartier d’erreur. Nos anciens ont connule plus huppé de l’Île-de-France, des heures terribles, faisonsj’étais donc très sensible à ce autre chose, arrêtons de nousque j’observais, donc très vite disputer pour savoir qui est resma poésie est devenue so- ponsable de quoi, essayons deciale et romantique, » raconte produire une autre humanité. »Il rappelle aussi que lel’auteur.C’est après 2005 qu’il dé- sexisme est la première portecouvre la nouvelle puis le roman d’entrée à toute forme de disqu’il considère être « une crimination.« On pourrait penser que lorsforme totale d’expression. »En 2007, il publie son premier qu’on parle de la traite transatroman, Le Cœur des enfants lantique le problème est un proléopards, qui remporte le Prix blème de couleur de peau, maisdes Cinq Continents de la fran- non, l’esclavage commence parcophonie et le Prix Senghor de le sexisme, » précise l’auteur.« Ça commence dans la cellulela création littéraire.Dans ses oeuvres, l’écrivain familiale avec Monsieur qui vaparle d’amour et soulève des considérer que Madame, parceque c’est une femme, est un êtrequestions sociales.« En vérité, les questionne- humain inférieur. Et de cela vontments sociaux ce sont des ques- découler toutes les discriminationnements humains, ce qui tions car l’enfant, tout petit, vam’intéresse c’est l’intériorité apprendre qu’il y a plusieursdes personnages face aux situa- sortes d’êtres humains qu’il fauttions de vie que nous connais- hiérarchiser. »Mr. N’Sondé nous invite à lasons tous. L’universel m’intévigilance.resse beaucoup, » confie-t-il.« Le germe de la soumissionDepuis, l’auteur a écritquatre autres romans dont le et de la surexploitation sont endernier en 2018 – Un océan, deux nous, dans nos sociétés, c’estimportant d’en repérer lessignes pour les combattre, »souligne-t-il.L’écrivain vit aujourd’hui àLyon en France et travaille surun nouveau projet littéraire. Ilcontinue à jouer de la musiqueen duo avec son frère Serge.Le grain de sel de Joseph LaquerreLe premier roman de Wilfried N’sondé,Le Cœur des enfants léopards, areçoit le Prix des Cinq Continents de lafrancophonie et le Prix Senghor de lacréation littéraire.mers, trois continents – reçoit lePrix Ahmadou-Kourouma. Inspiré par des faits historiques,l’auteur plonge le lecteur dansla vie d’un personnage du 17eLe dernier roman de Wilfried N’sondé,siècle témoin de la traite tranUn océan, deux mers, trois continents,satlantique, de l’Inquisition eta reçoit le Prix Ahmadou-Kourouma.du traitement des femmes.« Son regard sur ce début du« Nous jouons partout où l’on17e siècle peut être considéré veut de nous » commente-t-il encomme une sorte de concentré souriant. Leurs concerts littébrut du monde du 21e siècle » raires sont également porteurs decar dans le fond, « les humains messages d’amour et de tolérance.du 17e siècle sont des humains« Je suis toujours ravi d’aller aucomme nous avec les mêmes Canada, dans le nouveau monde, »émotions. »partageWilfriedN’sondé.Le lecteur ne sort pas indemne « Tout le monde au Canada estd’une telle expérience d’écriture. conscient de venir de quelqueWilfried N’Sondé nous confie en part, il y a donc moins de crispaeffet s’être senti «épuisé et cho- tion sur la possession de l’espacequé avec un sentiment de grand comme c’est le cas en Europe eten Afrique. Je suis ravi de découvrir Vancouver. »En savoir plus :www.writersfest.bc.caMusique à découvrir :www.youtube.com/watch?v K46xObLfhJMjournal l a sourceAdresse postaleDenman Place Boîte postale 47020Vancouver, C. -B. 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La Source 3Vol 20 No 7 22 octobre au 5 novembre 2019Rosemaling : La peinture folklorique norvégiennepar Lin WeaverL’artiste Aaslaug Boulier offriradeux ateliers de rosemåling les26 et 27 octobre au Scandinavian Community Centre.Le rosemåling est un art quise base sur des motifs simplesqui se répètent dans des variations infinies. Les couleursvives et chaudes font contrasteavec le gris monotone desscènes de leurs hivers longs etfroids.Ce style de peinture se faitprincipalement sur bois et utilise une ornementation floralestylisée ainsi que des couleursprimaires, telles que le blanc, lerouge, le bleu et le vert. Les motifs sont généralement composés de fleurs à traits arrondis,à effet dégradé bicolore, obtenuen utilisant un pinceau à pointeplate qui est essentiel pource type de peinture. Les deuxtraits principaux sont en formede C et de S. Ce type de peintureutilise des coups de pinceauprécis, des éléments géométriques complexes et des mélanges de couleurs spécifiques.Son nom provient du norvégien rosa (« rose ») et måle(« peindre »). Rosemåling estégalement répandu dans lesrégions rurales suédoises, oùil est appelé kurbitsmålning,ou simplement kurbits. CommePhoto de Jennifer, How to Paint Rosemaling, YoutubeLe rosemaling ou rosemålingest le nom d’une forme traditionnelle d’art décoratif originaire des vallées rurales dela Norvège.Une pièce de la peinture de l’artiste norvégienne Aaslaug Boulier.son homologue norvégien, cetart a été le plus populaire versla seconde moitié du 18e siècle.Le rosemåling en NorvègeLe rosemåling en Norvège a sesorigines dans les basses terresde l’est du pays. Il a été créévers 1750, lorsque le baroque etle rococo, styles artistiques dela classe supérieure, ont été introduits dans la culture rurale.Rosemåling est en quelque sortela contrepartie bi-dimensionnelle de la sculpture basée surla forme de l’acanthe (planteà feuilles très découpées). Ilest clair que les courbes C et Ss’inspirent de ce type de sculptures. Alors que dans les villesces sculptures étaient généralement dorées, les artisans rurauxn’avaient pas facilement accès àla feuille d’or, et, par conséquentet pour compenser, ils utilisaientdes couleurs vives populaires.Lors de l’occupation nazie dela Norvège de 1940 à 1945 durantla Deuxième Guerre mondiale, àune époque où l’on pouvait êtreemprisonné ou même tué pourafficher le drapeau norvégienou les armoiries de l’État, lesNorvégiens découvrirent qu’ilspouvaient arborer le symbole‘H’ chevauchant le ‘7’ du chiffreroyal de leur roi exilé, HaakonVII, au centre d’un motif rosemåling, sans que les forcesd’occupation allemandes n’yvoient rien d’autre qu’un motif coloré de paysan. Les cartesde Noël avec le chiffre royal aucentre d’un motif rosemålingétaient particulièrement populaires : beaucoup ont survécu etleur histoire est documentée.Le rosemåling enAmérique du NordLes immigrants norvégiensont apporté cet art aux États-Unis et au Canada, car de nombreux immigrants venaientdes régions de la Norvège oùrosemåling était bien établi. Ilstransportaient souvent leursbiens dans des malles jolimentpeintes. Certains de ces immigrants étaient des peintres derosemåling eux-mêmes. Cet arta commencé à se démoder vers1860, mais a connu un renouveau en Amérique du Nord au20e siècle. Les Américano-Norvégiens ont commencé à s’intéresser au patrimoine décoré enrosemåling de leurs ancêtres.La relance du rosemåling auxÉtats-Unis et au Canada estsouvent attribuée à Per Lysne,né en Norvège et formé au métier. Aujourd’hui, le rosemålingnorvégien est enseigné dans denombreuses régions du Canada,des États Unis et du Japon.Il y a au moins sept styles derosemåling qui se distinguentSuite « Verbatim » de la page 1l’aise avec d’autres immigrants,des gens pouvant s’identifier àmes expériences. Je m’assiedsavec une amie vénézuéliennequi me dit qu’elle a envie d’emmener ses parents à Vancouver et je ressens sa peine. UnAfricain me confie son histoire,celle d’avoir évité un génocide.Je ris avec mon ami mexicain àdes blagues qui sonnent avecun humour sarcastique semblable à celui utilisé en Afriquedu Sud. Nos périples jusqu’iciont été très différents, maisle sentiment de déplacement,d’être un étranger et de repartir de zéro, c’est ce qui nousunit.Lors d’une de mes visitesen Afrique du Sud, j’ai sourià l’homme noir derrière moidans la file d’attente. Il a sourien retour. « Pouvez-vous acheter mon pain pour moi ? » Jene pouvais pas répondre. Mabelle-mère a ri et m’a avertiede faire attention: ils essaientd’obtenir ce qu’ils peuvent detoi. Je n’ai pas aimé ce sentiment de devoir ajuster moncomportement en fonction dela race de la personne devantmoi. Ce n’est plus mon quotidien et je ne veux pas que ce lesoit.Dans un atelier de réconciliation auquel j’ai assisté récemment, on nous a demandé departager notre identité culturelle. J’ai entendu d’autres immigrants faire un trait d’union:« nationalité d’origine-canadienne ». J’ai senti mon cœurbattre plus fort à mon tour. Yavait-il moyen de ne pas utiliserde trait d’union, simplement dedire: « Je suis Africaine » ?Normalement, je dirais queje suis Sud-Africaine, mais leconcept d’identité culturellepar les jeux de couleurs et desmotifs qui leur sont particuliers.Le style Os, par exemple, présente des arrière-plans généralement blancs ou rouges et inclutdes formes géométriques tellesque des cubes et des carrés. Il ya généralement un détail lourdsur les feuilles des fleurs quipeut être symétrique ou asymétrique.Les motifs rosemåling peuventse retrouver sur le mobilier enbois ou en métal, mais également sur verre et tissu.Avis aux intéressés : AaslaugBoulier offre un cours de deuxjours sur la méthode rosemåling.Débutants et expérimentés sontles bienvenus, et les matériauxnécessaires sont inclus.Pour plus d’information veuillez,visiter le www.scancentre.orgou www.facebook.com/aaslaug.boulierme semblait une question plusimportante. Et à la lumière dela violence xénophobe qui s’estrécemment rétablie en Afriquedu Sud, m’identifier comme faisant partie du continent plutôtque d’être séparée de lui a paruimportant. L’Afrique est le battement auquel mon cœur estsensible, la terre dans laquellemon être a été nourri, ce sontmes racines et ma fondation.Nous venons tous de quelque part.Je me réconcilie toujourspour vivre en ce pays. Et meréconcilier avec le fait que sonhistoire opprimante n’est passi différente de celle du paysoù j’ai grandiJe suis reconnaissante depouvoir rencontrer des gensdu monde entier à Vancouver, d’apprendre à connaîtredifférentes cultures, de mefaire des amis au-delà des limites et des frontières. Nousvenons tous de quelque part.Le lien avec mes ancêtres medonne une position solide,cela ne crée pas une ligne quej’utilise pour diviser. Les habitants de cette ville ont desorigines très diverses, maisnous nous sommes tous retrouvés ici. D’une façon oud’une autre. Disposés ou non.De façon permanente ou transitoire.

4 La SourceVol 20 No 7 22 octobre au 5 novembre 2019Le castor castréRobert Za jtmannC’est qui qu’a gagné ?Maintenant que les jeux sontfaits, en ce lendemain du21 octobre, que pensez-vous durésultat de l’élection fédérale? Comment vous sentez-vous ?Êtes-vous comblé(e), surpris(e),désolé(e), abattu(e), décontenancé(e), déprimé(e), découragé(e),ébahi(e), ahuri(e), abasourdi(e),stupéfait(e), sidéré(e) ou simplement complètement indifférent(e) ? Vous sentez-vous heureux ou heureuses comme cesbraves dindes qui ont survécuau massacre de l’Action de grâceou au contraire comme celles quiont fini farcies ?que celle-ci revienne dans le giron libéral. On ne sait jamais, enpolitique il faut s’attendre à toutsauf, il est vrai, à une allianceTrudeau-Scheer.Non, ne me dites rien. Je préfère attendre pour obtenir laréponse aux milliers de questions que je me pose face à lapossibilité d’un gouvernementminoritaire. Je ne tiens pas à savoir d’avance si Jagmeet Singhou Élizabeth May se lèchent déjàles babines à l’idée de devenir lesfaiseurs de roi. Le jour de gloirepour au moins l’un d’entre euxest peut-être arrivé.De mon côté je vis encore dansl’inquiétude, dans l’incertitude,dans l’appréhension, dans ledoute, dans l’illusion, dans ledéni, car à l’heure où j’écris cesquelques lignes, je dois vousl’avouer, je ne connais pas encorele résultat du scrutin national(l’heure de tombée du journaldevançant par quelques heuresla fermeture des urnes). Impossible donc de commenter cesélections. Une pas si mauvaisechose au fond, diront certainsde mes détracteurs qui, vivantà la campagne sans tracteur, ontl’habitude de mettre la charrueavant les bœufs. Dès lors, inutilede me lamenter ou de me réjouir.J’évolue dans un état qui va del’œuf au riz, comme disait Bocuse, au pitoyable. Je ne sais plus,balai en main, sur quel pied danser. Je vis dans la tente, prêtéepar mon oncle, en attendant derentrer à la maison. Autant l’ad-Par contre j’aimerais quevous soyez indulgents et compatissants à mon égard car jevis encore des moments trèsangoissants en attendant le finmot d’une campagne électoralequi manquait, j’ose le dire, dereluisant. Nous avons vécu unecampagne terne, sans véritabledébat, au relent mesquin, chicheet minable (rien de comparabletoutefois aux normes établiespar la politique américaine).La barre n’était pas haute et lesdeux principaux protagonistes,au grand regret de nombreuxélecteurs, n’ont même pas réussià la franchir. Nous avons été lestémoins pendant plus de cinq semaines d’un spectacle désolant,d’un niveau peu élevé. Un exercice puéril à vous donner l’enviede ne pas vous rendre au bureaude vote pour y déposer votrebulletin. Ce que je n’ai pas fait,mon devoir de citoyen ayant prévalu lors du vote par anticipation. J’ai ainsi apposé la croix etnon la bannière à l’intérieur d’uncercle parfaitement rond touten ayant conscience qu’au fondje tournais en rond. J’ai fini parfaire une croix sur cette électionqui fut à mes yeux un véritablecalvaire, mon Golgotha.Il a fallu que je fasse appel àtoutes mes ressources pour nepas mourir d’ennui durant la dernière semaine de la campagneélectorale. Les événements politiques chez nos voisins du sudsont venus à ma rescousse. Ilsm’ont poussé à sortir de ma lassitude. La possibilité de destitution du président américain ainsi que la décision de ce dernierd’abandonner les Kurdes à leurpropre sort ont précipité le peud’intérêt que j’ai alors éprouvéenvers nos préoccupations électorales canadiennes. Je n’en aipas cru mes yeux ni mes oreilles.Comment est-ce possible d’en arriver là si bas en toute impunité ?La prochaine élection présidentielle américaine sera à coup sûrplus animée, sans doute pour demauvaises raisons, que celle parlaquelle nous venons de passer.Tant qu’à faire, à bien y penser,je préfère la médiocrité à l’ignominie affichée par la politiqueaméricaine.Allez-y maintenant. Je n’ai plusenvie d’être surpris. Vous pouvez me le dire : c’est qui qu’a gagné ?“Il a fallu que je fasse appel à toutesmes ressources pour ne pas mourird’ennui durant la dernière semainede la campagne électorale.Carte d’information de l’électeur.mettre, je suis déboussolé. Magrande aiguille a perdu le nord.J’ai beau essayer de remettre lespendules à l’heure, rien n’y fait.Ma névrose atteint des sommetsnévralgiques. Je suis pris entredeux chaises ou si vous préférezentre l’arbre et l’écorce, faute den’avoir ni marteau ni enclume.Cela doit vous amuser de mevoir dans tous mes états, vousqui avez le résultat des électionsen main. Soyez gentils. Ne gâchez pas mon plaisir. Ne me ditespas quel parti a remporté cetteélection. J’aime les surprises. Jene veux pas savoir si Trudeau,à qui peut-être il manque unsiège pour obtenir la majorité,va exercer son charme auprèsde Jody Wilson-Raybould afinLa Source està la recherchede bénévolesGRAPHISTESNous sommes à larecherche d’infographisteset de designerscompétents qui aurontpour tâche d’assister ladirectrice artistique denotre journal bilingue(français/anglais) endesign et production. Lesétudiants en graphisme,les détententeurs decertificats en graphisme ougraphistes professionnelsseront les premierscandidats retenus. Veuillezenvoyer votre CV parcourriel, accompagné devotre portfolio.Courriel :info@thelasource.com

La Source 5Vol 20 No 7 22 octobre au 5 novembre 2019Zero Wasteconference2019L’intelligence au service du recyclageCette année, le « continentde plastique » présent danstous les océans (l’Atlantique,le Pacifique, l’océan Indien,l’Arctique et l’Antarctique) aatteint la taille phénoménalede plus de 1,6 millions de kilomètres carrés, soit plus de1 900 milliards de déchets detoute sorte.Cela représente presque deuxfois la taille de notre provinceen termes de superficie, et il estpossible que ces chiffres soientla fourchette basse des estimations.Pour faire face aux défis quereprésente le recyclage de nosdéchets, la 9e édition de la ZeroWaste Conference se tiendra le30 et le 31 octobre au VancouverConvention Centre East. Elle regroupe les experts de tous leshorizons, tant politiques quescientifiques et entrepreneuriaux. Car des solutions existentà tous les échelons pour réduirenos déchets à un niveau absorbable par notre planète, et cesont ces solutions qui serontabordées et présentées pendantdeux jours.L’économie circulaireLe sujet principal portera surl’économie circulaire. Le constatavait été fait dès 2010 par la fon-dation Ellen MacArthur qui démontre dans ses études que lemodèle économique actuel detransition basé sur les énergiesrenouvelables et l’efficacité desméthodes de production est unebase incomplète. L’économiecirculaire vise en effet à découpler la croissance économiquede la consommation finale desressources (circuit linéaire entermes de modèle) pour allervers une économie dans laquellele recyclage et la réutilisationdes biens produits engendre uncycle qui se veut vertueux.C’est le combat d’ArthurHuang, un des participants àla conférence. Il est le PDG fondateur de Miniwiz, une compagnie basée à Singapour dontle but est de démontrer qu’unecompagnie peut fonctionnerdans cette économie circulaire. Il le démontre au moyendu projet du Jackie Chan Stuntman Training Center, un anciencomplexe cinématographiqueabandonné à Tianjin (considéré comme le port de Beijing).Le défi posé était de restaurerle monument à partir de matériaux recyclés, un projet portépar l’acteur qui lui a donné sonnom. Il aura fallu deux ans poury arriver, mais le contrat a étérempli fin 2018. Des sacs en PVCet des DVD recyclés, ainsi quebien d’autres matériaux réutilisés, auront servi pour refairetant les murs que les sols, la façade et l’isolation.Mieux gérer les plastiquesMais le combat contre le gaspillageet les déchets ne s’arrête pas là. Ils’agit également de gérer le plastique produit et consommé partout dans le monde, et cela passeaussi par ici, comme le démontrela mairesse de l’arrondissement deLachine à Montréal, madame MajaVodanovic. Dans son entrevue elleexplique le sens de son intervention à la conférence.« Actuellement, le plastiqueconsommé au Canada contientpresque 0% de plastique recyclé,» explique-t-elle. « Or, le Canadaa signé la Charte Plastique Océanen 2018. Le but est d’atteindredes plastiques constitués d’unminimum de 50% de produit recyclé d’ici 20 à 30 ans dans tout leCanada. »Elle explique également quechaque province gère le ramassage et le recyclage des plastiques de façon différente. Le système au Québec n’est pas le mêmequ’enColombie-Britannique.Dans certain cas, ce sont les villesqui paient pour le ramassage desplastiques, et des entreprisesprivées qui le recyclent, quanddans d’autres ce sont les entreprises elles même qui payentpour le ramassage et la provincequi récupère le plastique. Il serait souhaitable selon MadameVodanovic que les trois échelonsdécisionnels impliqués dans leprocessus (municipal, provincial,fédéral) décident de s’harmoni-Photo de Zero Waste Conferencepar Jean-Baptiste LasayguesMaja Vodanovic.Arthur Huang.ser pour rendre cohérent, logiqueet efficient le travail de recyclageà l’échelle du pays.« Il est étonnant de voir quela filière de l’emballage du plastique vierge est subventionnéeau niveau fédéral, plus que nel’est le recyclé, » décrit-elle. « Siautant de millions étaient consacrés à cette dernière, il seraitbien moins cher à utiliser parl’industrie de l’emballage.»Interrogée sur un geste citoyen qui pourrait aider à fairechanger les choses, Mme Vodanovic offre une solution.« Il faut que les citoyens euxmêmes écrivent aux grandesmarques comme Costco, WalMart ou Canadian Tire pourréclamer que les emballagescontiennent des plastiques recyclables, » conseille-t-elle. « Celapourrait les pousser à faire desefforts dans ce sens afin de donner une meilleure image d’ellesmêmes. »Il ne s’agit là que de quelquesuns des thèmes qui serontabordés pendant la conférence,car c’est l’ensemble du modèlesocial actuel qui est à adapterafin d’éviter que le continent deplastique ne détruise l’ensemblede la faune des océans, avec desconséquences encore impossibles à mesurer.Pour en savoir plus, veuillez visiterle www.zwc.ca.Prajwal Madhav : quand l’amour du français fait voir du payspar laurence gatinelPrajwal Madhav, natif du sudde l’Inde, est arrivé à Vancouver à l’été 2019. Son amourde la langue de Molière lui apermis de s’intégrer à unevitesse record. Portrait d’unanglophone qui a fait le choixà priori peu banal de faire savie en français en ColombieBritannique.Né en 1984 à Bangalore, Mr.Madhav a pour langue maternelle le Kannada. Une fois scolarisé, il a appris les deux languesofficielles du pays, l’hindi etl’anglais. Intéressé dès son plusjeune âge par les langues étrangères, il se découvre vers dix ansun amour du français, qui ne lequittera plus. « La France est unpays qui m’a toujours attiré etdonc je découpais des publicitésdes écoles et des guides touristiques dans le journal. Je les gardais précieusement parce que jerêvais de visiter Paris et d’alleren France, » se souvient-il avectendresse.C’est grâce à ses camarades qu’ilapprend les bases du françaisen leur demandant de lui parlerexclusivement dans cette langueet de le corriger si nécessaire.Pendant ses vacances d’été, ils’installe chez une famille desAlpes, en immersion totale. L’expérience est tellement réussie,que lorsqu’il retourne à l’écolepour son second semestre, il estdispensé de cours de français.Après un stage à Paris pourvalider sa maîtrise, il se retrouvedans l’incapacité de prolongerson visa et se voit contraint derentrer en Inde. Afin de validerson niveau de français, il passeles examens de l’Alliance Française de Bangalore et rejointL’arrivée au CanadaAprès de nombreux voyages,Mr. Madhav décide d’immigrerau Canada en 2015, par le biaisdu Québec. Ses démarches coïncident malheureusement avec lamise en place du nouveau sys-tème de gestion en ligne des demandes d’immigration de la province. Après quelques ratés dusà une plateforme informatiquepas suffisamment solide, il peutenfin soumettre son dossier.En septembre 2018, ne voyantrien venir du côté québécois etinspiré par deux collègues del’Alliance Française, il se décideà refaire une demande, cettefois par le biais de l’entrée express du gouvernement fédéral, un visa destiné aux immigrants qualifiés. Une bonne idée,puisqu’en 2019, le gouvernementquébécois annule 18.000 dossiers d’immigration, dont certains datant de 2005. Son dossierest du lot. Il obtient

Vol 20 No 7 22 octobre au 5 novembre 2019 gratuit oà½ànÙÊÄ Ê aÄ y Ø Ù á Bilingue et interculturel Englis ersio h ack U } www.thelasource.com TriVo, trois voix a cappella en concert Page Rosemaling,